Flux RSS d'astronomie

Actualités IRFU

Actualités IRFU

Avoir ou ne pas avoir une atmosphère ? Telle est la question pour la planète TRAPPIST-1 b

Le système TRAPPIST-1, fascinant par ses sept planètes rocheuses de taille terrestre, dont trois situées dans la zone habitable, représente une opportunité unique pour étudier les atmosphères des exoplanètes. Le télescope spatial James Webb (JWST) joue un rôle clé en permettant de mesurer l’émission thermique de ces planètes tempérées. Une première campagne d’observation à λ=15 µm avait révélé une température de 503 K sur le côté jour de la planète TRAPPIST-1 b, suggérant l'absence d'atmosphère et une surface très sombre. Cependant, basée sur les observations d’une seconde campagne à λ=12,8 µm, cette nouvelle étude menée par le Département d’Astrophysique de l’IRFU du CEA Paris-Saclay a mesuré une température bien plus basse que celle attendue par le scénario précédent, obligeant ainsi les chercheurs à explorer de nouvelles pistes. Parmi les hypothèses envisagées, une atmosphère riche en CO? et en brumes est une possibilité, bien qu’un scénario de surface ultramafique volcanique semble plus probable. Pour résoudre ce mystère, une nouvelle phase d’observations a été lancée, visant à suivre le flux lumineux de la planète tout au long de son orbite. Ce résultat a été publié dans la prestigieuse revue Nature Astronomy : « Combined analysis of the 12.8 and 15 μm JWST/MIRI eclipse observations of TRAPPIST-1 b »

Nouveau dispositif de contrôle de dose pour la protonthérapie

Une équipe de scientifiques du GANIL a développé un dosimètre à scintillation nommé SCICOPRO (SCIntillation pour le COntrôle des irradiations en PROtonthérapie) en collaboration avec le Laboratoire de Physique Corpusculaire de Caen et le Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse. Ce centre possède un équipement de proton thérapie appelé Proteus ONE (société IBA) équipé du ‘pencil beam scanning’, qui permet d'administrer une irradiation à l’aide de multiples faisceaux extrêmement fins qui vont balayer le volume tumoral. Avant l’irradiation sur le patient, les physiciens médicaux réalisent un contrôle qualité du traitement par des mesures de profil de dose en profondeur sur un fantôme d’eau. Cette étape prend du temps car nécessite l’utilisation de plusieurs instruments. L’étude réalisée ici, a permis de développer un système unique effectuant les mesures de cette étape de contrôle qualité des traitements et de réduire le temps dédié à cette tâche. Une évaluation sur des faisceaux connus a permis de démontrer que SCICOPRO était capable de mesurer des faisceaux de protons avec une précision de l’ordre de 580 µm sur la position, 180 keV sur l’énergie et 3 % pour l’intensité. Des mesures du système pour un vrai plan de traitement avec plusieurs milliers de faisceaux délivrés à 1 kHz ont aussi montré que ce nouveau dispositif à base de scintillateur vérifie les faisceaux qui seront délivrés au patient. Il est même sensible à des erreurs d’orientation de la table de traitement, aussi petites que 1°. Les performances de SCICOPRO sont très prometteuses et répondent aux besoins de la pratique clinique. Les résultats ont été publiés dans la revue Medical Physics Avant que ce nouveau dispositif soit utilisé en routine clinique, un autre prototype plus grand est en développement et la mesure en 3D des distributions de dose fait l’objet d’une thèse.

Des superflares solaires plus fréquentes qu’on ne le pensait. Un danger sous-estimé pour la Terre ?

Une superflare est une émission électromagnétique d’une puissance exceptionnelle émanant d’une étoile, libérant une énergie équivalente à un trillion de bombes à hydrogène, bien au-delà des éruptions solaires enregistrées à ce jour. Pour déterminer si le Soleil est capable de produire de tels monstres, une équipe internationale, incluant le Département d’Astrophysique de l’IRFU au CEA Paris-Saclay, a analysé des dizaines de milliers d’étoiles similaires au Soleil. Les chercheurs ont découvert que non seulement le Soleil peut générer des superflares, mais celles-ci se produiraient en moyenne une fois par siècle, une fréquence bien plus élevée qu’estimée jusqu’ici. Cependant, les traces laissées par d’anciennes éruptions solaires dans les archives terrestres montrent que ces superflares ne s’accompagnent pas toujours d’éjections massives de matière, une chance pour notre société technologique vulnérable à ces événements. Pour mieux comprendre et anticiper ces colères solaires, les chercheurs s’appuient sur des simulations numériques complexes pour étudier les mécanismes à l’origine du magnétisme et des éruptions solaires. L’étude a été publiée le 13 décembre 2024 dans la revue Science.

Photobombes : lorsque des astéroïdes s’incrustent sur les images du JWST !

Alors que le JWST observait TRAPPIST-1, le système aux sept exoplanètes, une équipe internationale de chercheurs, incluant le Département d’Astrophysique du CEA Paris-Saclay, s’est aperçue que des passagers célestes faisaient régulièrement leur entrée dans le champ de vue. Ils ont alors mis au point une méthode pour les étudier et ont ainsi identifié 138 nouveaux astéroïdes de la ceinture principale. Ces corps célestes, allant de la taille d’un bus à celle de plusieurs stades, représentent les plus petits astéroïdes jamais détectés dans cette région de l’espace. Grâce à cette nouvelle approche, les chercheurs peuvent désormais repérer des astéroïdes aussi petits que 10 mètres de diamètre, ouvrant la voie à une exploration approfondie des petits objets du système solaire. Cette avancée est cruciale pour mieux comprendre l’histoire du système solaire et pour améliorer le suivi des astéroïdes potentiellement dangereux, renforçant ainsi la sécurité planétaire. Cette étude a été publiée dans la prestigieuse revue Nature, avec pour titre « JWST sighting of decameter main-belt asteroids and view on meteorite sources ».

De la conception à la réalisation : la success-story de TPOT pour sPHENIX

L’Irfu a réalisé dans un temps record le détecteur TPOT pour l’expérience sPHENIX aux États-Unis. Ce détecteur Micromegas permet l’étalonnage de l’instrument principal de trajectographie de sPHENIX, la chambre à projection temporelle. C’est grâce à l’expertise acquise ces dernières années autour du laboratoire MPGD que le design (2021), la réalisation (été 2022) et les tests (automne 2022) ont pu être achevés si rapidement. La prise de données a démarré avec succès en 2023 et a continué en 2024. Les performances du détecteur sont détaillées dans la publication Nucl.Instrum.Meth.A 1066 (2024) 169615.

Cure de jouvence pour CMS

Depuis sa mise en service, le LHC a permis des avancées majeures sur la compréhension du Modèle Standard de la physique des particules, de la découverte du boson de Higgs aux mesures les plus précises de la masse du boson W et des propriétés du quark top. Pour aller encore plus loin, une phase haute luminosité du LHC débutera en 2030, permettant d’augmenter le taux de collisions d’un facteur 5 et la quantité de données totale d’un facteur 10. Pour soutenir ces conditions extrêmes, le détecteur CMS doit subir nombres de modifications y compris l’ajout d’un détecteur de temps (MTD) et le remplacement complet de la calorimétrie avant (HGCAL). En particulier, l’électronique de lecture de tous les détecteurs est revue. L’IRFU a conçu plusieurs puces au cœur de cette électronique pour le calorimètre central (ECAL), le HGCAL et le MTD. Une caractéristique commune à toutes ces puces est le soin extrême apporté à la mesure de temps qui doit être réalisée avec une précision jamais atteinte sur des systèmes aussi complexes : des millions de voies de lecture, provenant de systèmes hétérogènes, doivent être synchronisées avec une précision meilleure que 30 ps. En effet, l’expérience CMS a fait le pari de la précision temporelle pour limiter les effets indésirables de l’augmentation du taux de collision. La totalité des puces auxquelles l’IRFU contribue entre aujourd’hui dans la phase de production. À cette occasion, nous vous proposons un tour d’horizon.  

Des astronomes observent la formation in situ de sphéroïdes dans des galaxies lointaines brillantes en submillimétrique

S'appuyant sur des avancées techniques et observationnelles, une équipe internationale dirigée par des chercheurs du Département d’Astrophysique de l’IRFU (CEA Paris-Saclay) a élucidé le mystère de la formation des sphéroïdes, que l’on trouve dans les bulbes des galaxies à spirales et dans les galaxies elliptiques géantes. Ces structures, longtemps considérés principalement comme le produit de fusions galactiques tardives dans l’histoire cosmique, pourraient se former aussi directement dans l’Univers lointain. Leur forme sphérique résulterait d’une intense formation d’étoiles induite par un processus dynamique combinant l’accrétion de gaz froid et des interactions galactiques. Ces découvertes représentent une avancée majeure dans notre compréhension de l’évolution des galaxies, impactant les modèles actuels qui bénéficieront aussi d’observations à haute résolution grâce aux télescopes de dernière génération (JWST, Euclid, etc.). Cette recherche a été présentée dans un article intitulé « In situ spheroid formation in distant submillimetre-bright Galaxies », publié dans la prestigieuse revue Nature.

Et si Einstein avait raison ?

Le grand relevé de galaxies DESI, qui utilise le télescope Mayall de 4m au Kitt Peak Observatory (Arizona), a commencé ses observations en mai 2021 et vient de publier une analyse cosmologique de la formation des grandes structures de l’Univers avec sa première années de prise de données (publication et video CosmologyTalk expliquant les résultats). DESI est un spectrographe multi-fibres qui, à chaque pointé, mesure le spectre de la lumière provenant de 5000 objets astrophysiques simultanément. Les données collectées permettent de dresser une carte tridimensionnelle de l’Univers. Des méthodes statistiques sont ensuite appliquées à cette carte des galaxies (voir figure 1) pour en déduire à quelle vitesse se sont formées les grandes structures de matière de l’Univers s’organisant en ce que l’on appelle la “toile cosmique”, composée de murs, filaments et nœuds cosmiques. Pour faire cette analyse, les scientifiques s’appuient sur le fait que les décalages spectraux des galaxies sont affectés par leur vitesse particulière, laquelle est d’autant plus grande que la formation des structures est plus rapide. La collaboration DESI a ainsi mesuré la croissance des structures de l’Univers au cours des 11 derniers milliards d’années. L’analyse fine de ces données, pour laquelle le CEA a eu un rôle important, permet de confirmer la validité de la théorie de la relativité générale aux échelles cosmologiques et de mesurer l’effet des neutrinos sur la formation des structures et de placer une contrainte sur leurs masses.

Trois monstres galactiques dans l’Univers primitif

Le modèle standard de la cosmologie, fondement de notre compréhension de l'Univers depuis le Big Bang, est-il en danger ? Les récentes observations du télescope spatial James Webb (JWST), menées par une équipe internationale incluant le Département d’Astrophysique du CEA-IRFU, révèlent des galaxies massives dans l'Univers jeune, suscitant un vif débat au sein de la communauté scientifique. Alors que certains chercheurs y voient une remise en question de ce modèle, d'autres avancent que ces masses galactiques pourraient avoir été surestimées, suggérant que des mesures plus précises pourraient résoudre l'énigme sans invalider le modèle standard. Grâce au programme FRESCO, des données spectroscopiques plus précises que les précédentes semblent réconcilier ces galaxies précoces avec les prévisions théoriques. Toutefois, trois cas extrêmes continuent de défier notre compréhension de la formation galactique.

La mise à jour de la stratégie européenne en physique des particules est lancée

La Stratégie Européenne pour la Physique des Particules (ESPP) est au cœur du processus d'élaboration de la stratégie européenne pour l'avenir à long terme de la physique des particules. Mandatée par le Conseil du CERN, elle tient compte des résultats du LHC et d'autres installations dans le monde, du paysage international de la physique et des développements dans des domaines connexes, dans le but de maximiser les retombées scientifiques. En mars 2024, le Conseil du CERN a lancé le processus de la troisième mise à jour de la stratégie (ESPP update ou ESPPU). Le groupe stratégique européen (ESG) et le secrétariat de la stratégie pour cette mise à jour ont été créés en juin 2024 pour organiser l'ensemble du processus. Le mandat du groupe stratégique européen a également été approuvé en juin 2024. Le Conseil du CERN s’est réuni en septembre pour, entre autres décisions, nommer les membres groupe de préparation à la physique (PPG) dont le rôle sera de préparer un « Briefing Book » basé sur les contributions et les discussions.  La composition du PPG est disponible ici. Au sein du PPG, le secrétariat de la stratégie propose neuf groupes de travail pour couvrir l'ensemble des sujets de physique ainsi que les domaines technologiques des accélérateurs, des technologies de détection et de l'informatique. Les groupes de travail sont pilotés par un membre du PPG et un adjoint et Sara Bolognesi est adjointe pour le groupe Physique des neutrinos et messagers cosmiques.

Revenir